
Récit de Claire Lawton, par Barbara Quillec, traduit de l’anglais par Claudine et Gargamel.
J’étais très enthousiaste à l’idée de faire partie de la session de suivi des projets de blueEnergy, fournissant de la maintenance de base dans le territoire Rama Kriol au sein de deux communautés : Monkey Point et Bangkukuk Taik, situées dans le sud de Bluefields.
Après deux heures de panga (barque à moteur très utilisée dans la région pour tous les déplacements), nous sommes arrivés à Monkey Point. Nous avons commencé la journée avec une rencontre avec les leaders de la communauté. C’est toujours ainsi que blueEnergy débute ses visites dans les communautés, afin de s’assurer que la communauté sera au courant des objectifs poursuivis, mais aussi pour s’assurer de leur approbation avant de continuer le projet.
Nous avons d’abord commencé par reprendre contact avec la communauté. Ce qui était une communauté surtout créole auparavant, est maintenant composée d’un mélange d’environ 200 habitants créoles et de métisses (mestizos), représentant environ de 40% de cette population. Nous avons remarqué que les adolescents et les jeunes adultes quittent de plus en plus Monkey Point pour finir leurs études à Bluefields, ce qui provoque une baisse de la population de cette communauté.
Après cette première rencontre, Cow, un des chefs de la communauté, nous a indiqué les différents systèmes d’énergies renouvelables mis en place dans la communauté et nous a présenté les familles impliquées dans les projets de blueEnergy.
Nous avons déjeuné dans la maison d’un professeur, au sein de laquelle certaines femmes de la communauté ont l’habitude de se réunir l’après-midi avec leurs enfants. Elles m’ont appris quelques recettes locales comme le Johnny Cake (pain fait avec du lait de coco frais et de la farine), et celle des crevettes au lait de coco. Comme elles n’ont pas de fours, Gloria, membre de la communauté, en a fabriqué un elle-même en disposant un morceau de zinc au-dessus de la casserole et allumant un feu dessus. C’était très impressionnant !

Le four de Gloria
Après une bonne nuit, nous avons passé la journée à assurer l’entretien des installations endommagées chaque fois que cela était possible. J’étais vraiment contente de voir comment fonctionnent les installations. Notre présence fut très utile car certains panneaux solaires avaient besoin d’être réparés, certaines familles n’avaient plus accès à l’électricité. Il faut aussi noter que de nombreux systèmes ont été installés dans le cadre d’un projet financé par la Banque Mondiale et qui au départ, avait été conçu par blueEnergy, mais a ensuite donné en sous-traitance à une autre organisation pour la mise en place.
Les recommandations faites par blueEnergy pour l’attribution, la taille et l’entretien des installations, n’ont pas toujours été respectées, ce qui a conduit aux problèmes de suivi pour lesquels blueEnergy essaie maintenant d’apporter de l’aide.
Le lendemain matin nous avons quitté Monkey Point pour nous rendre à Bangkukuk Taik, où nous devions continuer notre travail de maintenance. Nous avons décidé d’y aller à pied, ce qui fut une véritable aventure car nous devions traverser la jungle. Il nous a fallu quatre heures et demie pour y parvenir, alors que ce n’est qu’à quinze kilomètres ! Grâce à Juan – un bénéficiaire de Monkey Point – qui nous a servi de guide, nous avons traversé la jungle, des plages désertes et des rivières sans nous perdre.
En voyant des enfants jouer dans l’eau, nous avons eu le soulagement de savoir que nous étions arrivés à Bangkukuk Taik. Contrairement à Monkey Point, qui est une communauté Créole et Métisse, Bangkukuk Taik est une communauté Rama dans laquelle vivent encore environ soixante-dix indigènes. Et bien que la langue Rama soit en voie de disparition, on trouve encore quelques anciens qui la parlent.
Après avoir vérifié des panneaux solaires qui avaient besoin de maintenance, nous avons rejoint pour deux jours une autre équipe de blueEnergy qui était déjà à Bangkukuk Taik. Ils animaient des ateliers et des formations autour des pratiques agricoles traditionnelles axés sur l’adaptation au changement climatique. La communauté a participé aux deux jours de formation avec beaucoup d’intérêt car ils sont très concernés par ce problème. Ils nous ont montré différentes techniques dont ils ont l’usage, afin que blueEnergy puisse apporter des solutions sur mesure, et qui reproduisent leurs pratiques traditionnelles, tout en prenant en compte le changement climatique.
Pour conclure je dirais que ce fut une expérience formidable, je suis heureuse d’avoir pu la partager. J’ai pu rencontrer nos bénéficiaires et voir par moi-même l’environnement dans lequel ils vivent. Cela m’a permis de comprendre l’importance de ce que nous réalisons avec blueEnergy, et je peux dire que je suis fière d’avoir contribué au cours de ce séjour à l’amélioration de leur accès aux services énergétiques de base.